Les Algériens, tous solidaires contre le coronavirus
Même si l’ONU a classé l’Algérie comme le pays où les inégalités sont les moins grandes en Afrique, la pandémie de COVID-19 a durement touché les plus fragiles. Face à cette situation, les réseaux de solidarité se mobilisent sans relâche depuis des mois
« De l’expérience acquise depuis les premiers mois de la pandémie, on sait maintenant quoi faire, quand et avec qui. Les connexions sont établies ! »
En février, avant même la détection du premier cas de COVID-19 en Algérie, Halim Lefkir, 29 ans, coordinateur de Section Logistique Solidarité Alger Coronavirus, s’était mobilisé avec un groupe de donateurs anonymes, particuliers et entreprises, pour équiper une salle de soins au Centre hospitalo-universitaire de Blida, à l’époque épicentre de la maladie.
Aujourd’hui, ce chef d’entreprise dans l’événementiel témoigne à MyAlgeria : « Nos actions sont plus organisées. Nous produisons actuellement nos propres bavettes grâce à l’installation d’une usine. Nous avons également lancé la fabrication de pompes à oxygène et des condensateurs électrolytiques. »
Et neuf mois plus tard, il constate aussi : « La solidarité se poursuit et les réponses sont là dès qu’il y a une demande. On travaille en fonction de la demande, des réseaux sur lesquels on peut compter et qui réagissent très rapidement en cas de besoin. »
Face au nouveau coronavirus, les réseaux de solidarité déjà très actifs en Algérie ont multiplié les initiatives.
? Lila, souffrante …. plusieurs maladies chroniques avec incapacité de travailler. Elle a besoin d’aide pour payer ses…
Publiée par Pand’Action sur Lundi 19 octobre 2020
Sabrina Nour El Houda Lemmoui, membre du collectif solidaire Pand’Action, se présente comme un pont entre les donateurs et les bénéficiaires : familles nécessiteuses, personnes malades ou handicapées, personnes âgées, enfants au moment de la rentrée scolaire…
Elle remarque depuis le début de la pandémie que le collectif est sollicité pour payer les factures d’électricité, de gaz et d’eau, et même le loyer. « Avant, c’était la catégorie des plus défavorisés qui sollicitait de l’aide. Après plusieurs mois de pandémie, beaucoup d’autres se sont retrouvés dans une situation délicate. »
Les demandes d’aide auprès du collectif, qui se faisaient auparavant de bouche à oreille ou sur recommandation, se formulent désormais de manière directe, notamment via les réseaux sociaux.
« Mais j’imagine qu’il existe une frange de la société qui se trouve dans une situation encore plus délicate et qui n’a pas accès aux réseaux sociaux pour l’exprimer », relève Sabrina Lemmoui, directrice de la communication pour un magazine en ligne dans sa vie active.
De l’aide alimentaire à la désinfection
Ces personnes isolées, l’association Aprosch Chougrani d’Oran part à leur recherche à travers ses relais communautaires.
« Vous savez, la pauvreté dans notre pays est insidieuse et souterraine. Pour repérer les besoins, nous comptons sur nos relais communautaires : des femmes qui travaillent avec nous et qui vivent dans des régions vulnérables », explique à MyAlgeria Mustapha Lahici, membre de cette association.
« Elles font des repérages, puis nous analysons et identifions les besoins qui ne sont pas uniquement d’ordre financier ou matériel, mais aussi juridique, au profit des femmes victimes de violences ou des enfants vivant sans papier… »
Fondée en 1951 par Mohamed Chougrani, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale – officiellement pour faire du caritatif, officieusement pour former au nationalisme –,cette association est restructurée en 1997par le dernier fils Chougrani (trois autres sont tombés en martyrs pendant la guerre de libération) en association pour le développement, toujours à vocation caritative.
Une belle opération de solidarité a pu être concrétisée grâce à l’engagement citoyen durant cette pandémie. Le…
Publiée par Mustapha Lahici sur Samedi 23 mai 2020
« A l’époque coloniale, le père Chougrani avait acquis des terrains dans le quartier périphérique d’Oran appelé Victor Hugo et y avait bâti des lotissements au profit des Algériens. Il y avait notamment construit une boulangerie gratuite », raconte Mustapha Lahici.
L’ancrage régional et les réseaux permettent à cette association de faire parvenir son assistance auprès des particuliers (malades, personnes en situation de handicap ou de précarité, migrants, femmes victimes de violences) ou même des structures de santé et des centres de formation.
« Depuis le mois de mars, nous avons pu, en collaboration avec des partenaires, fournir une aide alimentaire à 1000 familles pendant le mois de Ramadhan. Nous avons aussi apporté une assistance en médicaments aux structures hospitalières et aux professionnels des soins à domicile pour les personnes âgées et celles en situation de handicap, comme nous avons aidé dans le paiement des loyers et, bien sûr, participé aux opérations de sensibilisation, de désinfection, de fabrication et de distribution des bavettes artisanales… », raconte le représentant d’Aprosch Chougrani.
Les opérations de l’association sont lancées sur la base d’études. En participant à une enquête socio-économique sanitaire, elle a par exemple pu définir les nécessités économiques et sociales, répertorier les familles nécessiteuses, les personnes handicapées, les personnes âgées sans assistance et, de là, élaborer des plans de réponses à ces besoins.
« Nous avons ainsi lancé pour les jeunes une formation à tous les métiers du bâtiment, aux métiers de l’information et à ceux du textile, et accompagné quatorze associations dans la réalisation de projets d’insertion et de formation des auxiliaires de vie », énumère-t-il.
A l’instar de Pand’Action et d’Aprosch Chougrani, Le Coin Humanitaire ne cible pas de catégories à soutenir, mais vient en aide à toute personne se trouvant en difficulté à Alger et dans les villes et villages alentour.
Bonjour les braves❤ Sbah al rbeh alikom w alina On viens vous relancer encore une fois pour notre action UN CARTABLE …
Publiée par Ahlem Belghitar sur Mardi 10 novembre 2020
« Nous sommes souvent contactés par des personnes qui proposent leur aide, y compris des personnes qui ne sont pas forcément riches, mais qui nous disent : ‘’On comprend maintenant ce que veut dire être dans le besoin. On fait de l’aumône pour Dieu dans l’espoir qu’il nous délivre de cette pandémie !’’ », témoigne à MyAlgeria Ahlem Belghitar, membre du groupe de bénévoles.
Caravanes vers le Sud
Le groupe Imidiwen N’ténéré (les amis du désert en tamasheq), collectif fondé en 2013 par un groupe d’étudiants d’Alger, mène des actions humanitaires et des projets de développement au profit des populations défavorisées du sud du pays.
« A chaque rentrée scolaire, nous nous mobilisons pour fournir des cartables et des fournitures. Nous avons également installé huit bibliothèques, notamment auprès des bédouins nomades », explique Sofiane Seddiki, membre du collectif.
Ce fiscaliste ajoute que son collectif a d’abord été créé pour permettre aux enfants du désert de poursuivre leur scolarité. « Nous avons constaté que les enfants arrêtent d’aller l’école à la neuvième année, car ils doivent garder leurs chèvres et leurs brebis. Nous avons donc installé des puits et lancé des projets d’énergie renouvelable, notamment l’installation de panneaux solaires », précise-t-il.
La caravane reviens dans sa dix-septième édition et vise cette année les localités de Beni abbess , les dons sont déjà…
Publiée par Imidiwen N’ténéré sur Jeudi 29 octobre 2020
Le collectif DZ Volunteers, actif depuis 2012 dans tous les types de bénévolat (couffins du Ramadhan, moutons et vêtements de l’Aïd, soutien aux SDF, maisons de retraite, rentrée scolaire…), étend également ses activités au Sud.
Mahfoud Mihoubi, un de ses membres, explique que son collectif participe, en collaboration avec d’autres, à l’organisation de caravanes de solidarité, « comme l’envoi de nourriture, vêtements, médicaments, lampes, torches, groupes de médecins, ainsi que le lancement de l’initiative caravane de semoule et caravane de farine ».
MachàAllah un premier défi réussi ✅✅ 400 sacs de semoule de 25kg Merci à tous ceux qui ont participé fi mizane…
Publiée par DZ Volunteers ديزاد متطوعين sur Dimanche 8 novembre 2020
Le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a classé l’Algérie en tête des pays les moins inégalitaires en Afrique et le troisième pour l’indice du développement sur le continent, derrière les Seychelles et l’Île Maurice.