Bou Saâda dans l’œil de jeunes photographes algériens
L’exposition « Bou Saâda, Regards croisés », résultat d’une résidence initiée par la délégation de l’Union européenne en Algérie, accueille le public du 3 au 23 mars à la galerie Mohamed Racim, à Alger
« Si le paradis était au ciel, il serait au-dessus de Bou Saâda, et s’il était sur Terre, ce serait à Bou Saâda. » C’est avec cette citation attribuée au peintre français orientaliste Etienne Nasreddine Dinet que l’ambassadeur de la délégation européenne en Algérie, Thomas Eckert, a terminé son discours lors de l’inauguration de l’exposition « Bou Saâda, Regards croisés » à Alger.
A la galerie Mohamed Racim, la ville de Bou Saâda, surnommée « la cité du bonheur », s’invite dans ses moindres détails à travers les 120 photographies exposées. Ces clichés sont le fruit d’une semaine de résidence qui a réuni, en octobre 2021, une dizaine de photographes à la ville du sud-est algérien.
« Aujourd’hui, nous ouvrons l’exposition extraordinaire de dix photographes qui ont passé une semaine ensemble dans une résidence à Bou Saâda, une ville extrêmement inspirante. Ils nous montrent leurs impressions sur la ville, la culture et la nature. C’est très enrichissant et cela reflète la collaboration artistique entre l’Algérie et l’Europe », assure le représentant de l’Union européenne (UE) à MyAlgeria.
Il s’agit de la troisième résidence de photographes de ce type organisée par l’UE, après une première édition à Alger en 2010 et une deuxième à Constantine en 2014, en présence d’artistes européens. Cette troisième édition fut exclusivement algérienne en raison des restrictions liées au covid-19.
« Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion de recevoir des photographes européens comme lors des deux résidences précédentes. Nous espérons bien que la coopération directe avec des artistes européens et artistes algériens reprendra le plus vite possible », confie Thomas Eckert.
« Encourager les talents émergents »
« Les dix photographes participants ont été sélectionnés parmi 200 candidatures », explique à MyAlgeria le directeur artistique de la résidence, Reslane Lounici.
Le choix de Bou Saâda ? Pour « avoir un nouveau regard et une vision complètement inédite et contemporaine de la ville ».
« Nous avons été très bien accueillis. Les habitants ont tout mis à notre disposition et ce fut très enrichissant sur le plan humain », assure l’artiste.
Cette exposition vise également à encourager « les talents émergents », souligne Reslane Lounici. « Cette nouvelle génération d’artistes mérite d’être connue. Il faut se confronter à l’œuvre et ne pas se reposer uniquement sur [la visibilité donnée par] les réseaux sociaux. »
Durant leur semaine de résidence, les dix artistes photographes, venus de huit wilayas du pays, ont été encadrés par des formateurs professionnels : Nora Zair, Mehdi Hachid et Liasmine Fodil. Les clichés de ces trois artistes sont aussi en exposition.
« Le patrimoine, la culture, les artistes : Bou Saâda fut une découverte pour tout le monde. Nous avons visité tous les coins de la ville et chaque artiste a apporté son regard et son ressenti à travers ses photographies », raconte la formatrice Nora Zair.
« J’ai découvert Bou Saâda à travers cette résidence », renchérit Khaled Mechri. « Nous avons essayé de ne pas tomber dans les clichés et d’apporter un nouveau regard. Chaque artiste a opté pour un style précis ; personnellement, j’ai choisi de documenter l’humain dans ses tâches quotidiennes. »
L’artiste qui a découvert la ville pour la première fois à travers cette résidence espère que cette exposition contribuera « à la promotion du tourisme local ».
La photographe Leila Bakouche, qui a aussi découvert la ville pour la première fois, dit avoir été marquée par « la lumière ». « J’ai compris pourquoi plusieurs peintres ont choisi de travailler sur cette ville ! »
Exposés jusqu’au 23 mars à la galerie Mohamed Racim, ces clichés font aussi l’objet d’un catalogue qui sera présenté au stand de la délégation de l’Union européenne, lors du Salon international du livre d’Alger du 24 au 31 mars à la Safex.