Les Algérois redécouvrent leur ville grâce au vélo
Il faudra plus que quelques côtes pour décourager les passionnés de vélo qui, depuis le début de la pandémie, ont conquis la capitale
Lorsque Abderrahim Guessoum enfourcha, il y a six ans, sa bicyclette pour se rendre à son stage de cuisine, il était loin de penser que cet engin à deux roues allait devenir « toute sa vie ».
Boudant les voitures, cela fait plus de deux ans qu’il a troqué sa moto pour un vélo tout terrain VTT à assistance électrique. « Car pour pédaler dans cette ville, il faut soit être un grand sportif, soit être muni d’une technologie d’assistance électrique », assure-t-il. Grâce à cette technologie, les reliefs parfois abrupts de la capitale ne le freinent plus.
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Alors que le vélo en Algérie était souvent considéré comme un jouet qui se pratique à l’enfance et se range au moment de l’adolescence, remarque-t-il, cette perception commence à changer.
« Le vélo commence à se démocratiser, notamment depuis le début de la pandémie. Avec la fermeture des salles de sport et des forêts, les gens se sont rabattus sur la ville, et il y a eu une explosion du nombre de cyclistes. Quel que soit leur âge ou leur sexe, ils font du vélo en solo, en groupe ou même en famille, et ça fait plaisir ! »
L’expérience de Sac à Tours est aussi édifiante.
« Nous proposons des sorties et des séjours écotouristiques solidaires dans des villages en Algérie afin de sensibiliser la communauté des voyageurs à l’aspect environnemental, rassembler ces derniers autour des valeurs des communautés locales et partager une expérience unique au cœur de la vie locale et de son environnement culturel et naturel dans chaque région », témoigne Ilhem, chef de projet et manager de Sac à Tours.
Puis avec le confinement, tout s’est arrêté. « Pour moi qui me déplace beaucoup, rester immobile sans activité m’était devenu insupportable », confie cette adepte de la mobilité durable.
« Je me suis inspirée des balades en vélo que postait un ami sur les réseaux sociaux. J’ai demandé des conseils en matière de vitesses et de contrôle de la bicyclette – j’ai pris en compte les nombreuses pentes et l’absence de pistes cyclables dans Alger ! – puis je suis sortie tout simplement. J’ai fait des circuits dans les quartiers d’Alger, son centre et son littoral. J’ai découvert une activité magnifique, le vélo, je me suis même demandé comment je faisais avant ! J’en suis devenue addict ! », raconte-t-elle.
Sac à Tours s’adapte alors et pour répondre aux nombreuses demandes, en particulier de la part des femmes, propose des balades à vélo pour encourager et sensibiliser à la mobilité durable et se réapproprier le vélo en milieu urbain comme moyen de transport ou de loisirs.
Après plusieurs demandes de plusieurs clients pour le long weekend nous avons pris le soin de faire une sortie à la…
Publiée par Sac à Tours sur Jeudi 22 octobre 2020
« Je ne suis pas la seule femme qui pratique le vélo dans Alger ni la première à en faire. Il existe même des groupes de femmes qui ont leurs pages sur les réseaux sociaux. »
Elle note toutefois s’être amusée devant les réactions des gens, parfois surpris de voir une femme à vélo : la police qui laisse passer et qui encourage, les automobilistes hommes qui lui libèrent le passage et qui ralentissent en arrivant à son niveau, ou encore les automobilistes femmes qui klaxonnent, applaudissent et encouragent.
Ilhem, qui affirme recevoir régulièrement des messages de femmes demandant informations et conseils, a lancé un questionnaire sur les réseaux sociaux pour sonder ces potentielles cyclistes.
« Plus de 60% des réponses provenaient de femmes qui aimeraient apprendre pour devenir plus indépendantes dans leur mobilité, en raison du coût et pour des raisons de santé [ne pas prendre les moyens de transport en commun pour se prémunir de la COVID-19]. »
Nous remercions tous les participants de la sortie hier vendredi 16/10/2020. Que du bonheur ? ? Nous informons nos…
Publiée par Sac à Tours sur Samedi 17 octobre 2020
Si Walid Bissekri, passionné de vélo depuis son enfance, reconnaît que « le vélo est certes plus visible qu’avant, et cela est dû en partie au business qu’il y a derrière ». Il tempère cet engouement apparent et estime qu’il est encore trop tôt pour parler d’une véritable « culture du vélo ».
« Nous manquons d’infrastructures adéquates, de pistes et de stationnements cyclables. Les automobilistes ne sont pas sensibilisés aux comportements à avoir en présence des vélos », regrette ce sportif – il pratique aussi le football – en se désolant aussi du fait que les ralentisseurs ne tiennent pas compte des cyclistes.
Pour améliorer leur quotidien, les passionnés de bicyclettes tentent de s’organiser, de sensibiliser et de promouvoir leur activité via les réseaux sociaux. « Il faudrait que nous soyons plus nombreux pour qu’on nous prête attention, en nous réservant par exemple des pistes cyclables », admet aussi Ilhem.
Publiée par Walid Beššekri sur Vendredi 24 juillet 2020
En attendant, ils s’accrochent aux bienfaits que leur procure le vélo. « C’est comme une désintox, qui permet une parfaite oxygénation de tout le corps, notamment le cerveau », explique Walid en ajoutant, non sans humour, que pédaler à Alger permet aussi d’apprendre… « la patience, en raison notamment des embouteillages. »
Pour Samir Toumi, le vélo permet aussi « plus que d’autres moyens de locomotion, d’accéder à certains endroits. On peut emprunter des petites ruelles, des escaliers et d’autres passages ».
« J’ai profité de l’arrêt de la circulation du tramway en raison de la pandémie pour suivre sa voie. Cela m’a permis de découvrir la banlieue-est d’Alger par exemple », témoigne-t-il.
Pour Ilhem, le bonheur de circuler à vélo réside aussi dans la découverte des gens et des lieux. « Moi qui suis passionnée de patrimoine et de culture, j’ai pu découvrir les bains romains, d’anciennes usines et même un producteur de chips artisanales ! », énumère-t-elle.
Alors, quelques conseils pour les débutants ? Ne pas s’engager directement sur les grands axes – préférer les endroits fermés comme les Sablettes ou les forêts de Bouchaoui – et suivre les conseils prodigués par des sites spécialisés avant d’entamer les reliefs ceinturant la baie d’Alger.
« J’habite à Baïnem et je suivais une formation de cuisinier à El Hamma. Il m’était impossible, à cause du coût et de l’encombrement, de prendre chaque jour les transports en commun. J’ai opté pour le vélo, d’abord comme une alternative, mais c’est vite devenu mon moyen de transport, et ensuite… toute ma vie ! », raconte Abderrahim, 23 ans.
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Ce natif de La Casbah, également passionné de photographie, partage sa passion avec un public grandissant dans le virtuel comme dans la vie réelle. « Sur les réseaux sociaux, les gens, notamment les enfants et les adolescents, me sollicitent pour leur organiser des sorties et des circuits, ou même les initier », témoigne-t-il.
Ils se rencontrent et pratiquent le vélo… partout où ils peuvent, dans le centre de la capitale ou à la forêt de Baïnem, par exemple. « Sur ma page dzgympower, nous encourageons les jeunes à pratiquer tous les sports. Pour ma part, je suis content de croiser de plus en plus de cyclistes sur mon chemin. C’est une activité qui se répand », se réjouit-il.
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Tout comme pour Abderrahim, l’écrivain Samir Toumi se déplace surtout à vélo. Le nom de l’auteur de Alger, le cri est devenu associé à cette bicyclette, star de ses photos panoramiques publiées pour des raisons « esthétiques » sur les réseaux sociaux.
Boudant les voitures, cela fait plus de deux ans qu’il a troqué sa moto pour un vélo tout terrain VTT à assistance électrique. « Car pour pédaler dans cette ville, il faut soit être un grand sportif, soit être muni d’une technologie d’assistance électrique », assure-t-il. Grâce à cette technologie, les reliefs parfois abrupts de la capitale ne le freinent plus.
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Alors que le vélo en Algérie était souvent considéré comme un jouet qui se pratique à l’enfance et se range au moment de l’adolescence, remarque-t-il, cette perception commence à changer.
« Le vélo commence à se démocratiser, notamment depuis le début de la pandémie. Avec la fermeture des salles de sport et des forêts, les gens se sont rabattus sur la ville, et il y a eu une explosion du nombre de cyclistes. Quel que soit leur âge ou leur sexe, ils font du vélo en solo, en groupe ou même en famille, et ça fait plaisir ! »
L’expérience de Sac à Tours est aussi édifiante.
« Nous proposons des sorties et des séjours écotouristiques solidaires dans des villages en Algérie afin de sensibiliser la communauté des voyageurs à l’aspect environnemental, rassembler ces derniers autour des valeurs des communautés locales et partager une expérience unique au cœur de la vie locale et de son environnement culturel et naturel dans chaque région », témoigne Ilhem, chef de projet et manager de Sac à Tours.
Puis avec le confinement, tout s’est arrêté. « Pour moi qui me déplace beaucoup, rester immobile sans activité m’était devenu insupportable », confie cette adepte de la mobilité durable.
« Je me suis inspirée des balades en vélo que postait un ami sur les réseaux sociaux. J’ai demandé des conseils en matière de vitesses et de contrôle de la bicyclette – j’ai pris en compte les nombreuses pentes et l’absence de pistes cyclables dans Alger ! – puis je suis sortie tout simplement. J’ai fait des circuits dans les quartiers d’Alger, son centre et son littoral. J’ai découvert une activité magnifique, le vélo, je me suis même demandé comment je faisais avant ! J’en suis devenue addict ! », raconte-t-elle.
Sac à Tours s’adapte alors et pour répondre aux nombreuses demandes, en particulier de la part des femmes, propose des balades à vélo pour encourager et sensibiliser à la mobilité durable et se réapproprier le vélo en milieu urbain comme moyen de transport ou de loisirs.
Après plusieurs demandes de plusieurs clients pour le long weekend nous avons pris le soin de faire une sortie à la…
Publiée par Sac à Tours sur Jeudi 22 octobre 2020
« Je ne suis pas la seule femme qui pratique le vélo dans Alger ni la première à en faire. Il existe même des groupes de femmes qui ont leurs pages sur les réseaux sociaux. »
Elle note toutefois s’être amusée devant les réactions des gens, parfois surpris de voir une femme à vélo : la police qui laisse passer et qui encourage, les automobilistes hommes qui lui libèrent le passage et qui ralentissent en arrivant à son niveau, ou encore les automobilistes femmes qui klaxonnent, applaudissent et encouragent.
Ilhem, qui affirme recevoir régulièrement des messages de femmes demandant informations et conseils, a lancé un questionnaire sur les réseaux sociaux pour sonder ces potentielles cyclistes.
« Plus de 60% des réponses provenaient de femmes qui aimeraient apprendre pour devenir plus indépendantes dans leur mobilité, en raison du coût et pour des raisons de santé [ne pas prendre les moyens de transport en commun pour se prémunir de la COVID-19]. »
Nous remercions tous les participants de la sortie hier vendredi 16/10/2020. Que du bonheur ? ? Nous informons nos…
Publiée par Sac à Tours sur Samedi 17 octobre 2020
Si Walid Bissekri, passionné de vélo depuis son enfance, reconnaît que « le vélo est certes plus visible qu’avant, et cela est dû en partie au business qu’il y a derrière ». Il tempère cet engouement apparent et estime qu’il est encore trop tôt pour parler d’une véritable « culture du vélo ».
« Nous manquons d’infrastructures adéquates, de pistes et de stationnements cyclables. Les automobilistes ne sont pas sensibilisés aux comportements à avoir en présence des vélos », regrette ce sportif – il pratique aussi le football – en se désolant aussi du fait que les ralentisseurs ne tiennent pas compte des cyclistes.
Pour améliorer leur quotidien, les passionnés de bicyclettes tentent de s’organiser, de sensibiliser et de promouvoir leur activité via les réseaux sociaux. « Il faudrait que nous soyons plus nombreux pour qu’on nous prête attention, en nous réservant par exemple des pistes cyclables », admet aussi Ilhem.
Publiée par Walid Beššekri sur Vendredi 24 juillet 2020
En attendant, ils s’accrochent aux bienfaits que leur procure le vélo. « C’est comme une désintox, qui permet une parfaite oxygénation de tout le corps, notamment le cerveau », explique Walid en ajoutant, non sans humour, que pédaler à Alger permet aussi d’apprendre… « la patience, en raison notamment des embouteillages. »
Pour Samir Toumi, le vélo permet aussi « plus que d’autres moyens de locomotion, d’accéder à certains endroits. On peut emprunter des petites ruelles, des escaliers et d’autres passages ».
« J’ai profité de l’arrêt de la circulation du tramway en raison de la pandémie pour suivre sa voie. Cela m’a permis de découvrir la banlieue-est d’Alger par exemple », témoigne-t-il.
Pour Ilhem, le bonheur de circuler à vélo réside aussi dans la découverte des gens et des lieux. « Moi qui suis passionnée de patrimoine et de culture, j’ai pu découvrir les bains romains, d’anciennes usines et même un producteur de chips artisanales ! », énumère-t-elle.
Alors, quelques conseils pour les débutants ? Ne pas s’engager directement sur les grands axes – préférer les endroits fermés comme les Sablettes ou les forêts de Bouchaoui – et suivre les conseils prodigués par des sites spécialisés avant d’entamer les reliefs ceinturant la baie d’Alger.