Algérie : les héritiers de Mohammed Dib dynamisent le monde de l’édition

Algérie : les héritiers de Mohammed Dib dynamisent le monde de l’édition

L’explosion des maisons d’édition et la facilité de publication ont fait émerger une génération d’auteurs algériens de moins de 40 ans particulièrement créative

« J’ai commencé à publier à l’âge de 24 ans et je ne suis pas la seule, j’en suis sûre. Je crois qu’en Algérie, on accorde cette chance aux jeunes écrivains. »

Sur le stand de l’Union européenne du 25e Salon international du livre d’Alger, Selma Guettaf partage les discussions avec l’écrivaine tchèque Lenka Hornakova-Civade, dans le cadre des rencontres euromaghrébines des écrivains

Née à Ouargla (au nord-est du Sahara) en 1991, l’auteure est désormais installée à Paris et travaille avec l’éditeur belge Most, qui a réédité son roman, Les Hommes et toi, sélectionné en 2017 pour la 12e édition du prestigieux prix Senghor. A 30 ans, la romancière fait partie des nombreuses révélations algériennes qui se sont démarquées lors du SILA.

Avec les bookaholics algériens, la fièvre du livre gagne les réseaux sociaux

 

« Il faut déconstruire cette image selon laquelle un écrivain doit avoir un certain âge pour publier », souligne-t-elle. « L’écriture, c’est une question de vécu. Quand on entre dans la littérature, c’est qu’on a expérimenté des choses et que l’on ressent le besoin de les écrire. »

L’écrivaine compte déjà plusieurs publications (Loin d’une romance, Jeunesse ratée, J’aime le malheur que tu me causes, retenu pour le prix Mohammed Dib) entre les deux rives. « Je me demande ce que je vais penser quand je lirai mes écrits à l’âge de 50 ans. Ils existeront et je ne vais pas les renier. Mais peut-être aurais-je une autre sensibilité. Jamais en tout cas je n’aurai de regrets de ne pas avoir attendu. »

« Originalité et créativité »

Sur le stand des éditions El Djazair Taqraa (L’Algérie lit), Massinissa Tiblali dédicace son nouveau roman aux lecteurs. Après avoir signé son livre Qartas Al-Rumi, qui parle de la rébellion des Zandj contre le calife abbasside au IXe siècle, le jeune auteur colle un code QR sur la première page avant de le remettre à son acheteur.

« Ce code donne accès à une chanson que nous avons composée spécialement pour le livre », explique l’écrivain à MyAlgeria. « La chanson est disponible sur la plateforme YouTube. La couverture du livre est aussi une œuvre originale, une peinture réalisée avec l’artiste Sofiane Touati. »

A 32 ans, Massinissa Tiblali, d’expression arabophone, en est à sa deuxième publication. « J’ai publié mon premier roman en 2017, après une expérience de deux ans dans la bande dessinée avec la revue mensuelle française More and More. »

Artiste de formation, Massinissa ne s’est pas seulement lancé dans un monde qui lui était étranger, il a aussi choisi de le faire à travers l’un des genres romanesques les plus difficiles : le roman historique, qui « demande des années de recherches ».

Sa maison d’édition, El Djazair Taqraa, a été lancée par de jeunes amoureux de la lecture, au départ réunis dans un groupe Facebook. La start-up a depuis publié plusieurs dizaines d’auteurs et compte de multiples points de vente en Algérie, en plus d’un magasin électronique.

Dans la promotion de la jeune génération, les éditeurs jouent un rôle capital, comme l’explique Imene Allal, responsable des éditions chez Dalimen.

« Nous sommes connus pour donner la chance aux jeunes », précise-t-elle à MyAlgeria en citant en exemple Bouchra Mokhtari. Auteure de la BD Les Aventures de Zozo la bourrique, une fillette algérienne, cette Oranaise a obtenu le prix du Meilleur album jeunesse au Festival international de la bande dessinée (FIBDA) en 2016.

« Bouchra en est à son troisième album avec Dalimen », poursuit Imene Allal. « Elle a son univers et son public avec lequel elle a créé un lien, notamment par le biais des réseaux sociaux. Comme elle a commencé très jeune, elle grandit avec son public. »

Imene Allal cite aussi en exemple Adib Benazzi, 40 ans, qui vient de publier son tout premier roman Marée basse : « C’est un excellent polar sur l’histoire d’un jeune avocat qui essaie d’élucider un meurtre dont il a été témoin. L’histoire se passe dans le Sud algérien. »

Bande dessinée, romance, histoire, intrigue… Ces nouvelles plumes de moins de 40 ans écrivent pour la plupart en arabe et en français mais se lancent aussi en anglais.

 

 

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« Contrairement aux deux décennies précédentes, il est aujourd’hui en Algérie plus facile de publier. C’est la raison pour laquelle on trouve beaucoup de jeunes parmi les nouveaux auteurs », analyse pour MyAlgeria Bachir Mefti, écrivain et responsable des éditions El Ikhtilaf.

« L’auto-publication et les réseaux sociaux facilitent aussi cette émergence puisqu’ils permettent à l’auteur de s’auto promouvoir. L’écriture reste un beau refuge pour les jeunes. Un auteur peut débuter avec un niveau moyen, mais s’il est déterminé à apprendre, il s’améliorera au fil des publications. »

« L’Algérie est une nation lisante, c’est ce qui reste du volontarisme de l’éducation des années 1960 et 1970 », ajoute à MyAlgeria l’auteur de romans policiers Adlène Meddi. « L’Algérie socialiste misait beaucoup sur la vulgarisation de la culture, une politique du livre plus horizontale. La lecture et l’écriture ont toujours été des enjeux importants dans notre pays. »

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