Le raïs Ali Betchine, nouvelle star du Jardin d’essai à Alger
Ali Betchine eut un destin incroyable. Cet esclave italien qui devint commandant de la flotte algéroise et construisit une mosquée par amour méritait bien une statue. Vous la croiserez au Jardin d’essai à Alger…
Les visiteurs de l’emblématique jardin algérois, le Jardin d’essai, peuvent désormais croiser au détour de leur promenade une nouvelle statue en marbre, rendant hommage au corsaire d’origine vénitienne, Ali Betchine.
Conçue par l’élève Giulia Vatteroni à la suite d’un concours d’idées lancé en 2018 à l’initiative du libraire Riccardo Nicolai, la statue est sculptée dans le marbre de Carrare par les élèves du lycée artistique Felice-Palma (Italie), sous l’œil de l’artiste Alessandro Mosti.
Exposée récemment dans le jardin, cette statue de 3,2 mètres rend hommage au raïs Ali Betchine à l’occasion des 400 ans de la construction de la mosquée Ali Betchine, dans la Basse-Casbah d’Alger.
La statue a été présentée pour la première fois en janvier 2022 à Massa en présence de l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, de la consule générale d’Algérie à Milan, Nassima Hocine, des élèves du lycée artistique et des autorités locales de la ville de Massa.
Ali Betchine, de son vrai nom Aldo Piccinin, est un esclave italien au destin incroyable. Il doit son salut au raïs Fatah-Allah Ben Khodja. Après avoir été capturé au XVIe siècle à Massa (Toscane, centre-ouest de l’Italie), par des corsaires, il est acheté au marché des esclaves à Alger par le raïs Fatah-Allah Ben Khodja pour 60 pièces d’or.
Fatah-Allah Ben Khodja lui donne le prénom d’Ali et Puccini devient Betchin. Alors que le jeune garçon a à peine 10 ans, le raïs lui donne une éducation et fait de lui un redoutable corsaire surnommé « le lion des mers ».
Il obtient de nombreux titres de prestige, notamment commandant de la flotte algéroise, et ses richesses sont immenses. Il possède un palais en ville, une maison de campagne, plusieurs galères et des milliers d’esclaves.
Mais cette célébrité ne va pas l’aider pour séduire la femme dont il est épris. Ali Betchine rencontre la fille du roi de Koukou, chef d’une tribu kabyle, Lalla Lallahoum. Il décide d’aller demander sa main au roi accompagné de la veuve du raïs Fatah-Allah Ben Khodja.
La princesse dit n’être intéressée ni par ses titres ni par ses richesses, mais exige que son futur époux lui construise une mosquée. C’est ainsi qu’il a construit la mosquée qui porte son nom.
Pendant l’occupation française, la hauteur du minaret a été réduite à 12 mètres. La mosquée a ensuite été affectée à une pharmacie militaire avant d’être transformée en église baptisée Notre-Dame-des-Victoires de 1843 à 19622. Ce qui lui a fait perdre certains traits de l’architecture islamique. Elle a été reconvertie en mosquée à l’indépendance de l’Algérie.