Quand la créativité des Algériens déborde dans la rue

Quand la créativité des Algériens déborde dans la rue

Cette semaine, Sneak a beaucoup fait parler de lui avec la réhabilitation d’un stade de Kouba en œuvre d’art. Comme lui, les Algériens sont nombreux à laisser exprimer leur créativité dans l’espace public

Des calligraphies blanches sur fond noir et noires sur fond jaune : cette semaine, vous n’avez sans doute pas échappé à Hip Hop Fury, la dernière œuvre de street art signée Amine Aitouche, alias Sneak.

Les photos du terrain de basket de Kouba (Alger), réhabilité par l’artiste avec le soutien d’Urban Jungle, une marque de culture streetwear, ont été largement partagées sur les réseaux sociaux. 

L’artiste, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger, s’était illustré en 2015 au musée du Bardo à Alger, lors des expositions Sneacatacombes en 2017 et Inversion en 2019. Il a aussi participé à une exposition collective à Paris en 2016. 

Depuis quelques années, les rues d’Algérie sont devenues une vitrine pour la créativité des artistes, comme à Mostaganem ou à Boumerdès.

En ce début février, à Alger Centre, des musiciens jouent leurs premières notes et des dessinateurs sortent leurs crayons. Parmi eux, il y a Abdelaziz, ce septuagénaire charme les passants avec son oud.
« Je réinterprète généralement des chansons algériennes ou maghrébines à l’aide de plusieurs instruments », explique Abdelaziz à MyAlgeria entre deux chansons.

« C’est la rue qui forge les artistes »

Ce grand-père algéro-marocain, autrefois footballeur, dit être « l’élève de ces trottoirs ». « C’est comme ça que j’ai appris à chanter et à jouer, en étant en contact avec les gens. »

Certains spectateurs enregistrent la performance avec leurs smartphones. Sa première prestation achevée, Abdelaziz se détache de son oud qu’il cale délicatement contre le mur, sort un harmonica de la poche intérieure de sa veste et, sous les regards amusés de son auditoire, commence à jouer. 

Une artiste en herbe s’approche de Abdelaziz à la recherche de conseils.

« C’est la rue qui forge les artistes », lance le musicien à l’adresse de la jeune fille. « Quand une personne a une passion pour un art précis, elle doit être patiente, dans le cas contraire, elle ne réussira pas. »

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A quelques mètres de la fac centrale, dans la montée qui mène vers la rue Pasteur, Tahar expose ses peintures en plein air.

Ce père de famille âgé de 46 ans est lui aussi autodidacte. Il raconte à MyAlgeria avoir été initié au monde de la peinture par son père. Après avoir fait de cet art un hobby pendant plusieurs années, il a décidé de l’exercer dans la rue.

Il revient sur ses débuts : « J’ai demandé une autorisation pour réaliser des fresques à Alger durant les premières semaines du confinement. J’ai par la suite été contacté pour en réaliser d’autres. Ça m’a encouragé, ça montre que ma touche a plu. »

Tahar, qui jongle entre plusieurs emplois, a par la suite bénéficié de cet espace pour exposer ses peintures. Se considérant chanceux, il a choisi d’accueillir les œuvres d’autres artistes.

Ismail, portraitiste de la place Audin (Yasmine Marouf Araibi)
Un portraitiste de la place Audin (Yasmine Marouf Araibi)

« Les rues ont permis de créer un réseau d’artistes », nous explique-t-il. « Quand je reçois des commandes pour des portraits, je les redirige généralement vers Ismail, un dessinateur près de la place Audin qui fait de son talent sa principale source de revenus. »

Selon Tahar, exposer dans la rue a permis de « créer un réseau d’artistes » (Yasmine Marouf Araïbi)
Selon Tahar, exposer dans la rue a permis de « créer un réseau d’artistes » (Yasmine Marouf Araïbi)
« L’art de rue s’est beaucoup démocratisé »

Myriam, 28 ans, fait justement partie de ce réseau d’artistes. La jeune peintre, qui travaille en tant qu’illustratrice depuis dix ans, a investi les rues alors qu’elle était encore étudiante à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger. 

« La première fois que j’ai exposé, c’était avec un groupe d’artistes des Beaux-Arts », raconte Myriam à MyAlgeria. « Nous avions réalisé un grand graffiti dans un stade près de la rue Larbi Ben M’hidi, dans le cadre d’un projet de réhabilitation de l’espace public mené par la wilaya d’Alger. » 

Depuis, Myriam a effectué d’autres fresques et graffitis, notamment à Béjaïa. Elle raconte : « Là-bas, dans mon village d’enfance, j’ai réalisé plusieurs fresques sur les murs de la ville. J’ai un rapport plus apaisé avec cette ville. Je prenais de la peinture et j’allais explorer des thématiques sur des murs. »

« L’art de rue s’est beaucoup démocratisé », estime la jeune femme. Depuis ses débuts, elle dit recevoir de nombreuses commandes de la part de marques, de boutiques et de restaurants pour décorer leurs intérieurs avec des fresques. « Ils nous demandent souvent de faire des choses qui ressemblent à ce qu’on fait dans la rue. C’est un peu rentré dans les codes de l’art. » 

Des vidéos sur TikTok

Pour se faire connaître, les artistes des rues savent qu’ils peuvent compter sur les réseaux sociaux. Zakaria, un jeune natif de la wilaya d’Oran, plus connu sous le nom de « Zaki Walker 23 », s’est d’abord lancé sur Youtube avant que ses jambes le mènent dans les rues d’Oran « où il a été bien accueilli ».

Pour Zakaria, son succès est surtout dû au choix des chansons sur lesquelles il rythmait ses pas. Il explique : « Je suis sorti danser dans les rues avec des chorégraphies créées sur des chansons algériennes. J’ai ainsi fait la promotion de la danse et de la chanson locales. »

Sollicité par des marques pour des collaborations et interviewé par des médias locaux et internationaux, le jeune étudiant de 23 ans se dit satisfait par la formule « rue + réseaux sociaux » : il cumule désormais près de 800 000 abonnés sur TikTok et 300 000 sur Facebook. Zakaria ne limite pas ses performances qu’à sa ville d’origine. A travers les capsules qu’il poste sur les réseaux sociaux, il a exploité d’autres wilayas du pays comme Alger, Béjaïa, Bouira, Tizi-Ouzou et Sétif.

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