Ce haut plateau aride se trouve à plus de 1 000 mètres d’altitude et s’étend sur 50 à 60 km d’est en ouest et 800 km du nord au sud, soit une superficie de près de 120 000 km2. Sur toute sa surface se dressent des formations rocheuses créées par l’érosion émergeant des dunes de sables, qui évoquent de loin les ruines de villes antiques.
Le tassili n’Ajjer culmine à 2 158 mètres d’altitude à l’Adrar Afao et émerge en hautes falaises à 1 500 mètres en moyenne au-dessus des ergs de Mourzouq et d’Oubari à l’est et d’Admer dans le Ténéré au sud1. Au nord, ce haut plateau se perd dans les dunes d’Issaouane et de Bourharet.
Le relief du tassili n’Ajjer est particulièrement tourmenté : les immenses plaines rocheuses qui laissent parfois la place à des « forêts » de monolithes sont creusées d’akbas — des trous dans les escarpements qui ne sont accessibles qu’à pied ou à dos de dromadaires — et de multiples failles et canyons recelant parfois une guelta alimentée par les rares et violents orages qui ravinent le désert tous les deux ou trois ans1.
Le massif est habité par les Touaregs du groupe Kel Ajjer. Sa ville principale est Djanet, une petite oasis située en bordure occidentale de la région.
Géologie
Vue du tassili n’Ajjer près du fort Gardel : grès fluviatiles du Paléozoïque (env. 450 millions d’années) en cours d’ensablement par les dunes du Grand Erg oriental et granite érodé en « boules » au premier plan.
Le tassili n’Ajjer est constitué de grès, formé par les importants dépôts sédimentaires superposées de vase et de sable solidifiés issus de l’érosion partielle des montagnes cristallines du Paléozoïque (de -541 à -252,2 millions d’années) et déposés par les océans du Mésozoïque (de -252,2 à -66 Ma) qui couvraient la totalité de l’actuel Sahara. Puis, le socle des grès stratifiés a été rejeté en périphérie par l’irruption du massif du Hoggar1. De fortes variations climatiques et hydriques ont ensuite raviné, érodé et façonné la roche voici quelque 4 millions d’années.
Pendant des millions d’années, le sol du tassili n’Ajjer a été raviné par les eaux. Puis, quand la sécheresse s’installa, ce fut au tour du vent d’user et de polir sans cesse ces roches meubles. Les pluies rares, voire d’exceptionnelles rivières, demeurent une cause d’érosion importante, car nul couvert végétal ne retient les eaux qui creusent les roches. La température est une autre cause de l’érosion. La différence entre la nuit et le jour est parfois de cinquante degrés. Les pierres éclatent littéralement par l’effet de ces variations brutales jusqu’à devenir poussière de sable (phénomène qu’on appelle la cryoclastie ou gélifraction).
Faune et flore
Entre 17 000 et 12 000 ans avant le présent, le tassili n’Ajjer était recouvert d’une végétation verdoyante. Il en demeure quelques réminiscences : myrtes à proximité des trous d’eau et cyprès du Tassili (tarout) dont il subsiste une centaine de spécimens près de Tamrit1. De cette époque subsistent également quelques survivants d’une faune aquatique jadis variée : des poissons dans certaines gueltas, des crevettes dans l’oasis de Djanet et même des crocodiles, découverts en 1924 : les crocodiles de l’Imhirou1.
On peut voir dans ce parc culturel de nombreuses peintures
rupestres (notamment dans l’oued Djerat et sur le plateau de Sefar) datant d’environ 9 à 10 000 ans BP4,5, rappelant que le Sahara était à cette époque une contrée verdoyante et fertile. Nombreux sont les dessins représentant des troupeaux de bovins menés par des bergers. Il y a plusieurs milliers d’années vivaient ici des hommes qui ont laissé la trace de leurs préoccupations quotidiennes ; on trouve en effet des scènes de chasse, de danse et de prière, ainsi que de nombreux restes de poteries ou de pierres taillées. À la suite des travaux controversés (il est accusé d’avoir pillé le site et dégradé les peintures rupestres)6 menés par Henri Lhote7, des théories, popularisées par la presse et reprises par l’auteur sensationnaliste Erich von Däniken8, circulent sur certaines peintures qui représenteraient des créatures portant un casque sur la tête suggérant des « martiens »9,10. La majorité du milieu scientifique y voit en fait des costumes et masques rituels8.