IncubMe, l’incubateur qui veut faire d’Alger la capitale africaine des start-up
Ils ont créé un programme d’accompagnement pour des porteurs de projet de tout le continent africain. L’objectif : permettre la création en Algérie d’entreprises à forte croissance
Ils veulent faire d’Alger la capitale des start-up africaines. Installé près de la forêt de Bouchaoui, à Alger, IncubMe, un incubateur privé, a lancé en 2021 le projet « Africa by IncubMe » : un programme ambitieux d’accompagnement de porteurs de projet africains.
« Le premier objectif de ce projet est de positionner notre incubateur et l’Algérie comme un hub pour l’innovation », explique à MyAlgeria Adel Amalou, 32 ans, cofondateur d’IncubMe, diplômé de géophysique, de finances, ingénieur d’affaires, et ancien athlète d’élite.
« Notre deuxième objectif est d’aider au développement des exportations algériennes vers l’Afrique. En effet, nous avons constaté qu’il était très difficile pour une petite entreprise algérienne de s’exporter dans ces marchés. Il existe déjà des monopoles et l’Algérie n’a pas d’instrument de diplomatie économique comme Business France [structure chargée du développement international des entreprises françaises] », ajoute-t-il.
Africa by IncubMe permet donc à des porteurs de projet africains de venir développer leur projet en Algérie et d’y créer leurs entreprises. Comme ils connaissent les marchés de leurs pays respectifs, ils pourront alors exporter plus facilement.
« Une start-up a besoin de croissance permanente ; un marché national n’est pas suffisant. Se positionner en Afrique, c’est permettre à des start-up d’avoir accès à plusieurs marchés », souligne Adel Amalou.
Les fondateurs d’IncubMe, dont la plupart ont développé une activité d’innovation à l’étranger, avaient dès le départ une ambition panafricaine.
Créé en 2018, l’incubateur a d’abord accompagné onze projets d’entreprise algériens, principalement dans le numérique. En 2020, alors que la pandémie de Covid-19 bloque les activités économiques et menace les systèmes de santé, IncubMe co-organise, avec des homologues marocains et tunisiens, le « Covid Maghreb Bootcamp ».
« Une start-up a besoin de croissance permanente ; un marché national n’est pas suffisant. Se positionner en Afrique, c’est permettre à des start-up d’avoir accès à plusieurs marchés »
– Adel Amalou, cofondateur d’IncubMe
Début 2021, l’appel à projet pour Africa by IncubMe est finalement lancé. « L’appel est divisé en deux catégories : l’une est libre, l’autre consiste à répondre à une série de besoins exprimés par des entreprises partenaires, des multinationales », explique Adel Amalou.
L’organisation a reçu 1256 projets de candidats de plus de vingt pays différents et en a sélectionné 22. Finalement, du fait des importants obstacles à la circulation en période de pandémie, seize candidats, dont six Algériens, ont passé quatre mois à travailler à Alger.
Accompagnés par une équipe de 25 collaborateurs, associés d’IncubMe, des experts internationaux et par les entreprises partenaires, comme Société Générale Algérie, Cisco ou le groupe Castel, les candidats ont développé leurs projets d’innovation. « Sur ces seize projets, douze contrats ont été signés », souligne Adel Amalou.
Plateforme musicale
C’est le cas de Ronny Kitio, 29 ans. Ce jeune Camerounais diplômé d’informatique fondamentale a créé Colorful, un projet de plateforme en ligne de streaming de musique et de vidéo, qui propose également un service de billetterie et de live-streaming, financé par les transferts d’argent via les téléphones mobiles.
« 95% des artistes en Afrique ne vivent pas de leur art. Mon objectif est de mettre l’artiste ou le créateur de contenus au cœur de la chaîne de valeur de la distribution musicale », explique-t-il
Son projet a convaincu Djezzy et il travaille à un partenariat qui permettra aux abonnés de l’opérateur téléphonique algérien de bénéficier de packs comportant des appels, des données et un accès à l’application Colorful.
Djezzy a également permis à Ronny Kitio d’entrer en contact avec d’autres entreprises, ce qui devrait aider l’entrepreneur camerounais à agrandir l’offre de musique de sa plateforme à la musique nord-africaine.
« Sans ce programme, tout cela aurait mis beaucoup plus de temps à arriver. Nous bénéficions du label innovation du ministère des Start-up, ce qui facilite les démarches administratives en Algérie », estime Ronny Kitio.
Le programme Africa by IncubMe a pris fin au mois de décembre, mais Rony est resté en Algérie pour créer une SARL. « Avant de venir, j’avais beaucoup de préjugés sur l’Algérie. J’ai pu me faire ma propre opinion. Et je peux dire aujourd’hui que c’est ma deuxième nation, puisque c’est ici que mon entreprise va se créer », ajoute-t-il.
Adel Amalou, qui qualifie cette édition de « succès », est désormais en plein préparatifs de l’édition 2022, qui sera ouverte également aux acteurs du Moyen-Orient et dont l’appel à projet devrait être lancé le 15 avril.
Il attend également la finalisation d’une série documentaire tournée tout au long du programme 2021. « Cette initiative participe à redorer l’image de l’Algérie sur le continent. Elle permet également de créer de la richesse en générant des emplois. Et si l’entreprise partenaire est satisfaite du travail avec le porteur de projet, elle peut lui ouvrir des portes sur le marché africain. A terme, c’est une source de devises pour l’Algérie », résume-t-il.