A Batna, Ali Zerrad sème les vergers du futur
Pommiers, abricotiers, oliviers, mais aussi pins et palmiers : en vingt ans, la pépinière « Nouvelles forêts du Maghreb », à Batna, est devenue l’une des plus performantes du pays
La réussite de son projet aux portes des Aurès et son style inédit font de lui un spécimen rare : en vingt ans, Ali Zerrad est devenu une véritable locomotive pour les agriculteurs au-delà des territoires de Biskra, le nouvel eldorado agricole algérien.
Avec sa société « Nouvelles forêts du Maghreb » (NFM), installée près de l’aéroport de Batna, il a développé, sur 45 hectares, l’une des pépinières les plus performantes du pays : elle produit chaque année 1,2 million de plants d’oliviers et 500 000 plants de pommiers, certifiés sans OGM.
Ses méthodes modernes permettent aux fellahs de se lancer et réussir avec de nouvelles variétés d’arbres fruitiers et d’oliviers, et surtout, un nouveau paradigme agricole, basé sur la culture intensive et l’exploitation optimale de l’arbre, grâce à des méthodes scientifiques éprouvées.
À la fin de son service militaire, Ali abandonne une carrière prometteuse de boxeur au sein de l’équipe nationale de l’armée et part en Europe où commence une aventure épique et riche en rebondissements.
Grâce à son esprit d’entreprise et son expérience – il a déjà à son actif en Algérie une entreprise de transport collectif et s’est essayé avec succès au commerce d’engins –, Ali tente sa chance en Espagne, en France et au Maroc, sur le marché de l’immobilier et des services touristiques.
Ses succès seront réinvestis en Algérie dès que retentit en lui l’appel de la terre, une terre natale qui agit sur ce Chaoui comme un puissant aimant.
Il acquiert son premier terrain en 1994, au moment où la situation sécuritaire pousse les agriculteurs et les propriétaires terriens en général à abandonner leurs biens. En 1999, il réalisera le premier grand forage de l’Est algérien.
La terre et l’eau réunies, Ali importe des plants en marcottières de pommiers originaires des Alpes françaises. Les premiers d’une longue liste de plants d’arbres fruitiers qu’il va chercher dans les pays du bassin méditerranéen.
A force de passion et de patience, les vergers fleurissent et le parc à bois (verger composé d’arbres sélectionnés et homologués) s’étoffe, et les fellahs de la région découvrent l’expérience et se chargent de faire la réputation de la pépinière.
Après avoir développé pommiers, poiriers ou encore nectariniers, autant d’arbres fruitiers choisis pour la qualité gustative de leurs fruits et leur rendement, Ali cultive maintenant des variétés nobles d’abricots, de pommes et de cerises, mais aussi des plantes ornementales et forestières, notamment le palmier Washingtonia, le cyprès et le pin d’Alep.
« Nouvelles forêts du Maghreb » est vite devenu un label reconnu et recherché par les professionnels de la filière et les grossistes de fruits.
Un million de plants d’oliviers par an
Au milieu des vergers, se trouve aussi un parc à bois cultivé sous serre. Le plus important est consacré aux plants d’oliviers. Depuis dix ans, Ali a lancé son projet le plus ambitieux : produire un million de plants d’oliviers par an.
Pour y parvenir, il est allé en Andalousie chercher les variétés espagnoles les plus performantes au monde : l’arbequina et la picual. Un pari audacieux, car les espèces espagnoles ne sont pas connues en Algérie. Les cultivateurs d’oliviers et les producteurs d’huile d’olive sont habitués aux variétés locales seulement.
Sur ses fonds propres, il engage des ingénieurs agronomes espagnols qui s’installent à Batna pendant deux ans, le temps de monter les serres et de former sur place de jeunes agronomes de la région.
Pari gagné. Depuis deux ans, les agriculteurs n’ont plus peur de la nouveauté et se lancent, confiants, dans la plantation de champs d’arbequina.
Pour eux, une Algérie verte n’est pas un slogan creux, l’histoire de Ali Zerrad et de sa pépinière NFM est une success-story structurante qui fait tranquillement son bonhomme de chemin en semant l’amour de la terre et en rétablissant la confiance entre fellahs et le sol nourricier.