Algérie : la culture et les jeux vidéos à la conquête du monde virtuel
La virtualité de l’art et de la culture a été au cœur du débat lors de l’événement Algeria Web 3 dédié au metaverse en Algérie. Rendre les galeries, les musées et les sites historiques, accessibles depuis le smartphone est le pari réussi de certaines startups algériennes
Organisé du 2 au 3 mars au Palais de la culture Moufdi Zakaria, Algeria Web 3 a été marqué par le lancement de la première galerie virtuelle en Algérie, Art Gate. A l’initiative de la startup Shédio Design, ce projet aspire à rendre l’art accessible au grand public et à promouvoir les artistes algériens à une échelle internationale.
« La galerie Art Gate expose déjà les œuvres de photographes et peintres algériens. Nous avons remarqué que les Algériens de la diaspora sont très intéressés par l’art algérien. Ce sont aussi de potentiels acheteurs. Cette galerie permettra à des artistes amateurs d’intégrer le marché de l’art. L’application sera accessible dans quelques jours depuis Play Store ensuite sur App Store, et fonctionnera selon un système d’abonnement », précisent à MyAlgeria Feriel et Doria Tounsi, cofondatrices de Shédio Design.
Pour Doria Tounsi, l’art et la culture ne devraient pas avoir de frontières. Les artistes devraient avoir l’opportunité de se faire connaître au-delà de leur pays. Et le metaverse offre justement cette possibilité.
Les sites historiques en un clic
Timgad, la Casbah d’Alger, la mosquée Ketchaoua, le théâtre d’Oran et bien d’autres visites virtuelles sont par ailleurs proposées par la startup Cenereality. Leur produit-phare est l’application Bladna 360, qui propose des voyages numériques et une carte de géolocalisation des sites culturels.
« Bladna 360 est une application qui propose la visite virtuelle de plusieurs sites historiques et musées. Nous avons mis en place la visite virtuelle de Timgad, de la Casbah d’Alger, de la mosquée Ketchaoua, du théâtre d’Oran et de la ville de Miliana. Nous avons commencé ce projet pendant la période du confinement. Nous voulions permettre aux personnes de s’évader un peu du cloisonnement provoqué par la pandémie. L’engouement était tel que nous avons décidé de créer une application dédiée aux activités culturelles virtuelles », souligne Sarah Merabet Filali, cofondatrice de la startup.
Elle explique que le développement d’une visite virtuelle demande un long travail de recherche. Pour la visite virtuelle de Timgad, il fallait se procurer les plans de la cité et travailler en étroite collaboration avec des historiens et archéologues, précise-t-elle.
« Nous avons reconstruit en 3D de la ville de Timgad comme elle était avant. Au sein de Cenereality, nous sommes une équipe d’architectes, nous avons donc travaillé sur les plans de manière très minutieuse. Ce projet est un peu notre fierté et nous espérons pouvoir le faire en collaboration avec les institutions publiques afin de promouvoir des sites culturels de tout le territoire national », confie Sarah Merabet Filali.
Le gaming au service de l’apprentissage
De son côté, l’univers des jeux vidéo en Algérie semble dépasser le cadre du divertissement et souhaite intégrer le monde professionnel. Sabri Benbassit, responsable de la startup The Agency, a tenté cette expérience.
« Nous sommes une agence de communication spécialisée dans la communication digitale et le développement de sites web. Notre petit plus sur le marché algérien est que nous avons notre département gaming, GamerMagh. Les jeux que nous développons sont dédiés aux professionnels. Nous avons développé des jeux éducatifs pour une plateforme de e-learning. L’objectif est de tester l’apprentissage des langues à travers des jeux vidéo de simulation », souligne à MyAlgeria Sabri Benbassit.
Le e-learning à travers le gaming fait partie du serious gaming (les jeux vidéo destinés au secteur professionnel), selon Sabri Benbassit. Il précise qu’il ne s’agit pas d’un média de formation, mais d’un complément de formation. « Ça ne remplacera jamais un professeur, mais ça facilite l’apprentissage. C’est un support pédagogique. L’objectif est de donner un maximum d’interactivité avec l’apprenant afin de lui permettre de ne pas s’ennuyer », explique-t-il.
Cette solution développée par son entreprise est destinée au marché français. Sabri Benbassit souhaite que les entreprises algériennes saisissent ces opportunités. Pour ce jeune entrepreneur, les jeux vidéo permettent de découvrir et d’apprendre de manière ludique les activités liées à l’entreprise.
Doucement mais sûrement, le metaverse s’invite dans le secteur de la culture en Algérie. Ces jeunes qui ont entrepris dans ce domaine débordent de créativité. Ils souhaitent avoir l’opportunité de parler davantage de leur domaine.