Quatre projets innovants nés à l’université algérienne
Attendre la fin des études universitaires pour lancer son projet ? C’était avant ! Aujourd’hui, les étudiants algériens entreprennent avant même de quitter l’université. Ces entrepreneurs en herbe ont des idées innovantes, de l’audace et surtout l’envie de se surpasser
« Flamingo », un drone détecteur de feux de forêt
Imad Eddine Tibermacine, étudiant en informatique à l’université Mohamed Khider de Biskra, a créé le drone « Flamingo » pour lutter contre les feux de forêt. Ce drone autopilote a la capacité de détecter un incendie avant même qu’il se déclenche.
Comment ? « Grâce à une caméra intelligente, le drone capture des images de forêts, les visualise et alerte la Protection civile s’il y a un incendie », explique le jeune homme à MyAlgeria.
« Il peut également donner des informations sur l’avancement (la propagation ou la vitesse de propagation) du feu. L’idée est de mettre en place un réseau de drones autopilotes qui communiquent entre eux et transmettent les informations en temps réel pour une gestion optimale des feux de forêt. »
L’idée de ce projet a germé il y a deux ans : en regardant un site de hackaton (événement au cours duquel des spécialistes se réunissent durant plusieurs jours autour d’un projet collaboratif de programmation informatique ou de création numérique) en ligne, « Hackster », Imad Eddine, alors en première année, répond à un challenge : créer un détecteur d’incendie.
« Mais on est allés au-delà du challenge en ajoutant de nouvelles technologies. Nous avons, entre autres, développé une application pour le grand public qui permet de signaler les feux et une application desktop pour les pompiers afin de suivre l’activité des drones », témoigne-t-il à MyAlgeria.
Le projet enfin prêt, Imad Eddine et ses camarades, Moncef Taouririt et Acil Rahmani, le présentent comme projet de fin d’études. Aujourd’hui, ils attendent d’obtenir une autorisation pour tester le drone, une étape importante selon l’étudiant, qui leur permettra d’apporter de nouvelles améliorations.
Les trois Algériens (informaticiens) développent actuellement un procédé qui permettra d’allonger la durée de vol des drones qui ne dépasse pas, pour l’instant, les 30 minutes.
« Brinova », la brique écolo
À l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU) d’El Harrach (Alger), on s’engage dans l’architecture durable. Des étudiants ont créé la brique « Brinova », à base de terre cuite et… de mégots de cigarettes recyclés !
« Introduire ce déchet dans la fabrication de la brique revient à lui donner un matériau doté d’une forte résistance thermique et phonique », souligne Narimane, membre de l’équipe. « Cette brique est aussi économique, puisque l’ajout des mégots de cigarettes recyclés réduit le coût énergétique et le coût de production. »
Cette équipe aspire à créer la première entreprise de fabrication de matériaux de construction écologiques. « Brinova » sera le premier produit de l’entreprise en devenir GreenMatcampagny.
«La plupart des membres de GreenMat ont terminé leurs études cette année. Nous allons avoir du temps désormais pour revoir notre projet », explique Narimane à MyAlgeria. « L’idée de départ était de créer un prototype. Maintenant, on doit réfléchir à un projet viable si on veut que notre entreprise voie le jour. »
Starryc, le ciment intelligent
Starryc est aussi une entreprise d’écoconstruction lancée par des étudiants de l’EPAU. Ils ont créé un « ciment lumineux » ayant deux objectifs.
D’abord, compenser l’absence d’éclairage public dans certaines zones du pays comme le Sahara, et contribuer, aussi, à faire baisser le risque d’accident.
« Notre ciment a la capacité d’absorber l’énergie solaire durant la journée et l’utiliser pour l’éclairage nocturne », explique à MyAlgeria Sara, membre de l’équipe Starryc.
« C’est un ciment artistique d’habillage de façade qui peut être utilisé sur les passages piétons, les jardins, et particulièrement les glissières d’autoroute. »
Des lumières de deux couleurs phosphoriques (qui brillent comme le phosphore), le bleu et le vert, présentées sous forme de vagues et rappelant le tableau La nuit étoilée de Vincent Van Gogh, donnent un effet spectaculaire, lumineux, beau à voir et propre.
De plus, le ciment lumineux pourrait résoudre le problème de la pollution lumineuse provoquée par une consommation de plus en plus importante d’électricité, particulièrement nocive à la faune nocturne.
« Cette expérience nous a permis de travailler en groupe dans des conditions particulières, puisque le projet a été développé en pleine période de confinement. Les membres de l’équipe Starryc sont des étudiants de deuxième et troisième années à l’EPAU. On est donc en début de cursus », souligne Sara.
« En parallèle de nos études, nous allons développer de nouveaux produits et faire connaître notre projet d’entreprise pour avoir un bon carnet d’adresses avant de nous lancer officiellement. »
« MedDwak », la deuxième main des médicaments
Vous ne savez pas où trouver un médicament ? Votre traitement est trop cher et vous n’êtes pas assuré ? Vous avez un surplus de médicaments que vous n’utilisez pas ? Imène Roufati est étudiante en dernière année pharmacie. Elle a profité de la pandémie de la COVID-19, qui a particulièrement touché sa ville, Blida, pour développer une plateforme d’échange de médicaments et de produits vendus en pharmacie (comme la poudre de lait pour bébés ou les couches pour adultes) appelée « MedDwak ».
«L’idée est de mettre en place un outil qui recense à la fois les dons et les besoins en médicaments et met en relation les donneurs et les demandeurs », explique Imène.
Son site recense les médicaments recherchés par les patients : vous pouvez, via un dispositif « sécurisé et anonyme », satisfaire ces demandes, soit en offrant gratuitement un des médicaments annoncés, soit en indiquant simplement l’adresse de la pharmacie qui le propose.