Permakidz, des activités pour connecter l’enfant et la nature
Des visites de fermes pédagogiques, des ateliers pour comprendre la biodiversité, des activités pour apprendre la permaculture : Safia Ouicher et Imen Manel Fetouhi ont développé une entreprise à impact social et environnemental destinée aux enfants et à leurs parents
Former les enfants aux gestes écologiques, leur expliquer l’environnement, les connecter à la terre et à la nature : voilà les objectifs du projet Permakidz.
Ses fondatrices, Safia Ouicher et Imen Manel Fetouhi, conçoivent des programmes et animent des ateliers de permaculture (mode d’agriculture visant à créer des écosystèmes respectant la biodiversité) et de sensibilisation à la biodiversité depuis plusieurs années.
Depuis 2020, elles ont fait germer leur idée en une entreprise à impact social et environnemental baptisée Permakidz.
« Les programmes que nous élaborons dans le cadre de notre projet Permakids sont conçus pour les enfants et les parents. L’idée est de sensibiliser les parents et d’initier les enfants à la permaculture », expliquent à MyAlgeria Safia et Imen.
« Cette approche vise à créer des écosystèmes résilients et durables, et avec Permakidz, cela se concrétise à travers l’organisation de sorties et d’ateliers pédagogiques en plein air. Nous allons dans des fermes, des parcs urbains et des forêts où l’enfant découvre son environnement et s’adonne à des activités qui renforcent son lien avec la nature et le rendent plus autonome. »
« Me reconnecter avec la terre »
Avant Permakidz, les deux jeunes femmes avaient emprunté des chemins professionnels différents.
Safia est ingénieure agronome de formation, spécialisée dans l’agroalimentaire et la nutrition humaine. Après l’obtention de son diplôme à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie en 2006, elle intègre un magazine dédié à l’agroalimentaire, au poste de project manager (chef de projet) avant de rejoindre le département développement.
Après cette expérience, elle est recrutée dans une entreprise spécialisée dans la sécurité du travail. Onze ans plus tard, elle décidera de mettre le cap sur l’associatif en rejoignant les bénévoles de l’association Torba qui œuvre au respect de la terre et de l’environnement en Algérie.
« Je voulais avoir l’opportunité de partager des pratiques pour une vie saine, notamment à travers la nutrition, et me reconnecter à la terre. Cette aventure m’a aussi permis de découvrir la permaculture », témoigne Safia.
Imen, quant à elle, est traductrice interprète (anglais, français, arabe). Son diplôme en poche, elle décroche en 2004 une bourse pour un master d’une année en Espagne afin de suivre le programme Chair for Peace Studies and Development mis en place par l’Unesco pour développer la culture de la paix.
A son retour en Algérie, Imène commence à chercher du travail auprès d’ONG, en postulant chez Handicap International et dans un autre programme de la coopération espagnole. A la naissance de son premier enfant, elle met de côté ses recherches d’emploi et reprendra le travail en 2007 comme enseignante de français et d’anglais.
Elle intègrera ensuite le programme Joussour pour le renforcement des organisations des sociétés civiles algériennes et françaises actives dans les domaines de l’enfance et de la jeunesse. Imen y travaille en tant qu’assistante de coordination. Après ce programme et la naissance de son second enfant, elle se lance en free-lance dans son domaine : la traduction.
« Après l’arrivée de mon deuxième enfant, j’ai éprouvé l’envie de travailler avec les enfants. J’avais comme idée de créer un magazine dédié aux enfants. Le projet ne s’est pas concrétisé, mais en rejoignant l’équipe Torba en 2015, j’étais chargée de la commission junior », raconte Imen à MyAlgeria.
C’est dans cette commission que les deux entrepreneures se rencontrent.
« Notre mission était de développer et conduire des programmes dédiés aux enfants. Nous avons animé pendant un an et demi un atelier de sensibilisation à la permaculture dans la ferme pédagogique de Zéralda [à l’ouest d’Alger] », expliquent-elles.
« Les enfants plantaient ensemble et participaient à l’évolution d’une parcelle partagée. A l’issue de ce programme, qui s’est interrompu à cause de la pandémie, nous avons commencé à réfléchir à la façon de professionnaliser l’activité, et c’est ainsi qu’est née l’idée de Permakids. »
L’arbre, élément central dans la sensibilisation
Au moment où les deux jeunes femmes réfléchissaient à lancer un projet ensemble, l’incubateur The Algerian Centre of Social Entrepreneurship (ACSE), spécialisé dans l’accompagnement des jeunes entrepreneurs sociaux dans la création de leurs entreprises, a lancé un appel à projet pour une incubation de six mois.
« Lorsque nous avons postulé à l’appel à projet, nous voulions tout simplement répondre à la problématique : comment reconnecter l’enfant à la nature et le rendre plus autonome ? », soulignent-elles.
« Ce programme pédagogique s’articulait autour de trois axes : des sorties en pleine nature, des ateliers et des kits remis à l’enfant pour une activité précise. Au fur et à mesure de l’incubation, le projet a pris la forme actuelle, c’est-à-dire des sorties et des ateliers sur le terrain. Les kits seront lancés plus tard. »
Au cours du processus d’incubation, Safia et Imen ont développé des compétences en entrepreneuriat, mais surtout ont affiné l’idée du projet pour la transformer en projet viable.
En avril 2021, Permakidz organise sa première sortie à Chréa, dans une ferme agroécologique située dans une réserve naturelle.
« La thématique de cette journée était l’arbre, élément central dans notre sensibilisation. La journée a commencé par une visite découverte de la ferme au cours de laquelle des introductions ludiques ont permis de distinguer un arbre, une plante, etc. », résument-elles.
« Et surtout expliquer le rôle de l’arbre dans l’écosystème ! Ensuite nous avons proposé aux enfants des jeux qui consistaient à restituer ce qu’ils avaient vu. Notre approche est essentiellement ludique. Le but est que l’enfant apprenne en s’amusant. »
Les programmes développés par Safia et Imen dans le cadre des activités de Permakidz se réfèrent à des éléments de la recherche en neurosciences
Les programmes développés par Safia et Imen dans le cadre des activités de Permakidz se réfèrent à des éléments de la recherche en neurosciences.
« Pendant la période de l’incubation, nous avons mené des entretiens avec des psychomotriciens et des spécialistes qui travaillent sur la régulation émotionnelle des enfants. Nous nous sommes également rapprochées des associations de parents d’élèves pour avoir leur avis sur notre projet. Ces rencontres et entretiens nous ont permis de développer une vision plus avertie sur notre activité », expliquent-elles.
Après les programmes autour de la reconnexion de l’enfant à la nature, la prochaine étape sera l’autonomisation de l’enfant.
Permakids organise une sortie chaque week-end autour d’une thématique précise.
« Nous travaillons avec des partenaires qui possèdent des fermes pédagogiques. Si le programme est important, le lieu l’est tout autant. Ces fermes sont de parfaits endroits pour se reconnecter à la nature, rencontrer des fermiers, découvrir leur mode de vie… », assurent les créatrices de Permakidz.
Parmi leurs fermes partenaires : La Maison dans la prairie, une exploitation arboricole avec une retenue d’eau à Khraicia (banlieue sud d’Alger), la ferme Djnane Hamid, au milieu des vergers de Meftah, ou encore la ferme de Ami Rachid à Bouinane, dans la réserve de Chréa.
Safia et Imene aimeraient aujourd’hui que leur concept soit dupliqué. « Nous voulons créer un réseau d’animateurs, ce que nous appelons des ‘’passeurs de nature’’. Nous avons déjà formé six jeunes à l’éducation environnementale pour nous assister qui, à l’avenir, pourront nous relayer. »