Du foot à l’humanitaire, le parcours inspirant de Badis Diab
Après une carrière dans le football et les affaires, Badis Diab, 30 ans, se consacre entièrement à l’humanitaire pour « agir sur le terrain »
Personne ne sait ce que la vie nous réserve. S’il y a bien quelqu’un qui peut en témoigner, c’est Badis Diab. A 30 ans, le jeune homme a complètement réorienté sa carrière pour se consacrer entièrement à des activités humanitaires. Pourtant, rien de l’y prédestinait.
Né en janvier 1991 à Romans-sur-Isère (Drôme, France), de parents constantinois, Badis venait en Algérie pendant les vacances scolaires. A 15 ans, il est recruté par l’un des clubs de football les plus titrés de France, l’AS Saint-Etienne.
« C’était une chance inouïe pour le jeune garçon que j’étais, issu d’un quartier populaire. J’ai entamé ma carrière de footballeur dans ce club où j’ai joué pendant trois ans », raconte Badis à MyAlgeria.
« Jeune et encore irréfléchi, je n’attendais qu’une chose : le contrat professionnel. Ne voyant pas cette opportunité arriver, j’ai alors décidé de quitter l’AS Saint-Etienne pour un club constantinois en Algérie. Malheureusement les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. »
L’Algérie de ses vacances ne ressemble pas à ce que Badis imagine : en arrivant à Constantine, il doit s’adapter à un nouveau mode de vie et fait face à de nombreuses déconvenues.
« Mes recruteurs n’ont pas honoré le contrat. Je n’ai pas touché le salaire prévu. Au bout d’une année, les choses ne se sont pas améliorées. Je commençais à me fatiguer physiquement et mentalement. A perdre confiance, prendre du poids, me blesser », témoigne-t-il.
« Toutes ces complications m’ont poussé à prendre une décision sans équivoque : mettre un terme à ma carrière de footballeur. »
De retour en France, la nouvelle retentit comme un coup de tonnerre dans son entourage qui ne comprend pas forcément sa décision. Mais lui sait que son avenir est ailleurs.
Badis a 20 ans et sait déjà que cet échec lui servira d’enseignement toute sa vie. « De cette rude expérience, j’ai appris à ne plus prendre de décision basée uniquement sur l’argent », souligne-t-il.
Accompagner les joueurs amateurs
Après avoir raccroché les crampons, Badis enchaîne les petits boulots. Il connaît la précarité, des moments de solitude, mais ne se laisse pas abattre. Une rencontre va remettre sa carrière sur les rails.
Lors d’un séjour à Barcelone, il rencontre le célèbre agent de football, l’Espagnol Marco Kirdemir. Ils font connaissance et l’entente est directe. L’agent lui propose de recruter des footballeurs amateurs en France.
« Cette expérience m’a permis de beaucoup voyager, d’apprendre de nouvelles langues, et surtout de découvrir l’univers du management dans le domaine du football. C’est un milieu fermé, loin des tabloïds, mais riche en opportunités et perspectives », explique Badis à MyAlgeria.
Son jeune âge et son ancienne carrière de footballeur vont être de précieux atouts.
« J’arrivais facilement à établir le contact avec les jeunes joueurs, car on était de la même génération et on partageait la même passion pour le football », se souvient-il.
Badis travaille cinq ans avec Marco Kirdemir. A 25 ans, il décide de voler de ses propres ailes et choisit tout naturellement le domaine du management sportif.
« Quand à 20 ans on a connu de gros échecs, on apprend à apprécier le succès à sa juste valeur »
– Badis Diab
En 2016, Badis crée le cabinet de conseil Galactik France.
Son objectif : accompagner et conseiller les joueurs de football amateurs qui souhaitent devenir professionnels. L’expérience acquise les années précédentes et sa réputation dans les milieux des joueurs amateurs vont contribuer à l’éclosion rapide de la startup.
« Le succès fut immédiat : la première année, nous avons mis 1500 joueurs sous contrat. Nous faisions du bon travail, mais ce succès était dû au fait que nous étions les seuls à accompagner les joueurs amateurs. Le marché était pour nous. »
Galactik France devient un cabinet de conseil très prisé. L’entreprise grandit à vue d’œil et Badis Diab se fait connaître : il est invité sur les plateaux de télévision. Son histoire passionne et son parcours inspire. En 2018, le célèbre magazine français EcoRéseau Business le classe parmi les « dix entrepreneurs de l’année 2018 ».
Mais Badis n’oublie pas ce qu’il a traversé : « Quand à 20 ans on a connu de gros échecs, on apprend à apprécier le succès à sa juste valeur. »
De retour du Ghana
En 2019, Badis cofonde avec Karim Amranil’ONG Unity, « apolitique et anticommunautaire », spécialisée dans l’éducation, la santé, les droits des femmes, le handicap et la biodiversité, qui agit aujourd’hui dans 59 pays.
Du monde sportif à l’humanitaire, la frontière n’est pas si grande. Un événement en particulier va bouleverser la trajectoire de Badis.
« Quelques mois après la création de Galactik France, je suis parti au Ghana pour des sessions de recrutement. Pendant mon temps libre, je faisais du tourisme. Mes pérégrinations m’ont mené dans les bidonvilles du Ghana. Là, j’ai eu un choc. J’ai découvert une population qui vivait dans une misère terrible », se souvient-il.
« A mon retour en France, j’ai réfléchi à une manière d’alléger les épreuves des gens que j’avais rencontrés. J’ai donc créé la Fondation Badis Diab à travers laquelle nous avons distribué des fournitures scolaires pendant deux ans en Afrique. »
💫🇳🇬Départ dans 2 semaines pour le Nigéria-Opération Humanitaire d'un mois.
Nouveau site internet de la Fondation :👉https://t.co/YJUDdfSx6T pic.twitter.com/3SOJkZU7b1
— Badis Diab (@BadisDiab) May 18, 2017
« Et puis à un moment donné, je me suis posé la question : mes actions sont-elles motivées par le fait que je suis d’origine africaine ? La réponse est non : je mets l’être humain et son bien-être au centre de mes préoccupations. Je n’accorde pas d’importance à ce qui nous différencie. Pour moi, nous sommes des citoyens du monde et nous devons nous entraider quelles que soient nos différences. »
Et si Badis se consacre entièrement à l’humanitaire, c’est « un choix de vie et non un choix de carrière », assure-t-il.
« En vendant mon entreprise Galactik France, j’ai pris la décision de ne faire que de l’humanitaire. Mon objectif : participer à repousser les disparités sociales dans le monde. Je travaille en étroite collaboration avec les populations locales dans différents pays, c’est ce qui permet d’être efficace. »
« Le monde dans lequel nous vivons est numérique. Il a ses avantages mais déforme la réalité »
– BadisDiab
Pour témoigner de son cheminement, Badis a écrit un livre : L’humanisme avant tout, sorti en juillet aux éditions JDH.
« L’envie d’écrire m’est venue comme une évidence. J’avais des choses à raconter, des expériences à relater. Le monde dans lequel nous vivons est numérique. Il a ses avantages mais déforme la réalité », relève-t-il.
« L’activisme ne peut pas être virtuel, il faut absolument agir sur le terrain et c’est entre autres ce que j’essaie d’expliquer. A la fin de chaque chapitre, je parle de mes rencontres. Je rends hommage à des gens qui agissent pour le bien de l’humanité et restent dans l’anonymat. »